Le changement climatique devenant un problème de plus en plus pressant, les pays du monde entier élaborent des plans visant à réduire leurs émissions de carbone à zéro. Il existe de nombreux moyens d’atteindre cet objectif, chaque pays suivant sa propre voie. Certains se concentrent davantage sur les énergies renouvelables, le nucléaire ou le piégeage du carbone, mais chaque pays tente de contribuer à la lutte contre la crise climatique actuelle par ses propres moyens. La France et l’Allemagne constituent un excellent exemple d’approches différentes. Relativement similaires en termes de taille et de population, ces deux pays constituent une bonne comparaison en ce qui concerne leur approche de l’énergie à l’échelle nationale et l’impact de leurs plans respectifs sur leur pays et sur l’environnement.
L’Allemagne et la France ont adopté des approches radicalement différentes en ce qui concerne leur infrastructure énergétique et la réduction de leur dépendance à l’égard des combustibles fossiles. La France a lancé son programme nucléaire en 1973, à la suite d’une forte augmentation des prix du pétrole due aux conflits au Moyen-Orient. À l’époque, la France dépendait principalement de la combustion du pétrole pour produire son électricité, mais après la flambée des prix, elle a décidé de passer à l’énergie nucléaire, car cela lui permettrait d’être indépendante sur le plan énergétique et de réduire son impact global sur l’environnement. Actuellement, le nucléaire représente toujours la majorité de la production d’électricité, soit 67 % de l’approvisionnement global. En revanche, l’Allemagne a abordé la réduction de sa consommation de combustibles fossiles d’une manière bien différente : en adoptant des sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie éolienne et l’énergie solaire. Cependant, les énergies renouvelables ne représentent encore qu’environ la moitié de la production totale d’électricité, le reste étant essentiellement constitué de combustibles fossiles. Bien que les énergies renouvelables en Allemagne se soient avérées largement fiables pour la production d’électricité domestique, l’Allemagne doit toujours compter sur les combustibles fossiles pour les moments où le soleil ne brille pas ou le vent ne souffle pas. Cependant, la France montre que les combustibles fossiles ne sont pas nécessaires pour alimenter un pays en électricité, car l’énergie nucléaire est la source d’énergie la plus fiable et ne produit pas de gaz à effet de serre. Par conséquent, si les énergies renouvelables de la France deviennent obsolètes pour quelque raison que ce soit, elle dispose de son énergie nucléaire comme solution de secours au lieu du charbon ou du pétrole, ce qui montre qu’il est possible d’atteindre un niveau net d’émissions de carbone zéro avec les demandes énergétiques modernes. La réponse au changement climatique ne réside pas uniquement dans le nucléaire, l’éolien ou le solaire ; il s’agit de les faire travailler ensemble pour fournir une énergie propre à tous.
Les gaz à effet de serre sont la principale cause du réchauffement de la planète, et l’un des principaux gaz responsables est le dioxyde de carbone. Le CO2 est produit par la combustion du charbon, du pétrole et d’autres combustibles fossiles. Par conséquent, les pays tentent de réduire la quantité d’émissions de gaz à effet de serre qu’ils rejettent afin de lutter contre le réchauffement de la planète. Il s’agit notamment d’abandonner les combustibles fossiles comme principale source d’énergie. Comme indiqué précédemment, la France utilise principalement l’énergie nucléaire pour produire son électricité nationale depuis des décennies, car les réactions nucléaires ne libèrent pas de gaz à effet de serre lors de la production d’énergie. Les taux d’émission de la France sont donc relativement faibles par rapport à ceux de l’Allemagne. La répartition de l’énergie en Allemagne comprend de nombreuses sources d’énergie renouvelables et propres, mais le pays dépend encore fortement des combustibles fossiles pour satisfaire le reste de ses besoins énergétiques. De ce fait, son empreinte carbone reste l’une des plus élevées d’Europe, malgré l’augmentation de sa production d’énergie solaire et éolienne. L’Allemagne rejette dix fois plus de carbone que la France lorsqu’elle produit de l’électricité, et ses émissions par habitant sont presque deux fois plus élevées que celles de la France. Dans l’ensemble, la France prouve que l’utilisation de l’énergie nucléaire à un potentiel plus élevé permet de réduire les émissions de carbone à l’échelle nationale.
L’une des principales critiques formulées à l’encontre de l’énergie nucléaire est son prix. Le coût d’investissement initial d’une centrale nucléaire est élevé, car il s’agit de structures complexes et de grande taille qui nécessitent de nombreuses mesures de sécurité, mais si l’on considère le prix global de l’énergie nucléaire, les réacteurs sont abordables à long terme. Une fois construits, leur exploitation est relativement peu coûteuse par rapport à d’autres sources d’énergie. L’énergie nucléaire est non seulement moins chère à exploiter que les autres énergies renouvelables, mais elle est aussi une source d’énergie beaucoup plus fiable et a une durée de vie beaucoup plus longue que les énergies renouvelables et les combustibles fossiles, ce qui en fait un bien meilleur investissement pour les pays qui cherchent à s’affranchir des émissions de carbone. En outre, à mesure que les réacteurs nucléaires deviennent plus avancés(voir notre article de blog sur les réacteurs de génération IV), ils deviendront moins chers à construire grâce à des conceptions modernes qui sont intrinsèquement plus sûres, nécessitant moins de coûts de sécurité supplémentaires. La France est un parfait exemple de la manière dont les faibles coûts d’exploitation de l’énergie nucléaire se traduisent par une électricité moins chère pour le pays. La plupart des réacteurs construits à la fin des années 1900 étant encore opérationnels aujourd’hui, le pays est en mesure de produire de l’énergie propre à bon marché. Par exemple, les prix de l’électricité pour les ménages en France sont inférieurs de 59 % à ceux de l’Allemagne. Cela s’explique par le fait que l’Allemagne a dû dépenser plus d’argent pour la transition vers les sources d’énergie renouvelables, comme la construction de longues lignes de transmission pour relier les parcs solaires et éoliens disséminés dans tout le pays. Dans l’ensemble, les prix de l’électricité en France sont parmi les plus bas de toute l’Europe, tandis que l’Allemagne se situe à l’extrémité supérieure des pays. Bien que la France produise plus de deux fois la quantité d’électricité propre, les prix de l’électricité y sont presque deux fois moins élevés qu’en Allemagne.
Une autre critique de l’énergie nucléaire concerne les déchets qui en résultent. Ces déchets peuvent rester radioactifs pendant des milliers d’années, et la façon dont la société les traite est le plus grand problème auquel l’avenir de l’énergie nucléaire est confronté. Toutefois, la France offre un excellent exemple de maîtrise de ce problème en attendant que le monde trouve une meilleure solution. La France recycle activement les déchets nucléaires pour les réutiliser comme combustible. 96 % du combustible usé peut être réutilisé, 4 % seulement devant être éliminés, et la plupart des déchets ont une courte durée de vie, ce qui signifie que leur radioactivité diminue de moitié en moins de 30 ans. La quantité de combustible éliminé est donc bien inférieure à celle des autres pays utilisant l’énergie nucléaire. En outre, la France utilise 17 % d’ uranium en moins qu’elle ne le ferait sans recyclage. Le parc nucléaire réglementé et normalisé de la France lui permet d’être très efficace et diligent avec son énergie nucléaire et les déchets qu’elle produit, car il limite la quantité qu’elle doit stocker à long terme. En outre, l’avenir des déchets nucléaires est encore plus prometteur. Les nouveaux réacteurs Gen IV produiront moins de déchets et seront capables de les réutiliser de manière plus efficace, et de nouvelles solutions sont en cours d’élaboration pour traiter les déchets. Par exemple, Gérard Mourou a mis au point un moyen de transmuter les déchets nucléaires à l’aide de lasers, ce qui permet de les débarrasser de leur radioactivité. Le principal problème et le principal obstacle du nucléaire appartiendront bientôt au passé si nous nous adaptons et apprenons à le surmonter.
Alors que nous nous dirigeons vers un avenir sans carbone, l’énergie nucléaire reste un sujet controversé dans les discussions sur l’avenir des énergies propres. La France a l’intention de maintenir le nucléaire dans son réseau énergétique. Toutefois, elle prévoit de réduire la part du nucléaire dans sa production d’électricité à 50 %, contre 70 % actuellement, tout en augmentant la part des énergies renouvelables. Elle prévoit de fermer quatorze de ses réacteurs actuels d’ici à 2035, tout en laissant la possibilité de construire de nouveaux réacteurs. En outre, elle prolonge la durée de vie d’un grand nombre de ses anciens réacteurs, ce qui montre qu’elle n’abandonne pas complètement sa relation avec le nucléaire. D’autre part, l’Allemagne prévoit de fermer toutes ses centrales nucléaires d’ici 2022. Ce plan a été mis en place après les événements de Fukushima en 2011, et l’Allemagne rejoindra de nombreux autres pays européens qui ont également renoncé au nucléaire. Dans l’ensemble, toute évolution vers une énergie propre, qu’il s’agisse de l’énergie nucléaire ou non, est un élément positif. Nous devons utiliser tous les outils de notre arsenal pour lutter contre le changement climatique. Toutefois, l’énergie nucléaire reste l’une des formes d’énergie les plus efficaces et les plus sûres, et elle ne fera que s’améliorer au fur et à mesure des progrès technologiques. La France s’est engagée dans la bonne direction depuis des années avec sa part importante d’énergie nucléaire et d’énergies renouvelables. Des pays comme l’Allemagne et les États-Unis doivent s’inspirer de leur exemple si nous voulons avoir un espoir de sauver la planète de nous-mêmes.